« L'on craint la vieillesse que l'on n'est pas sûr de pouvoir atteindre. », Jean de La Bruyère. Extrait des Caractères.
« A quel âge sommes-nous vieux ? », voilà une question bien difficile. Jérôme Pélissier, docteur et chercheur en psychogérontologie, tente d’y répondre en posant une autre question : « A quel âge est-on adulte ? ». La question est tout aussi difficile car administrativement nous sommes adultes à 18 ans et vieux à 60 ans. En fait, cela ne dépend pas d’un nombre d’années biologiques mais bien de la personne elle-même. Nous ne pouvons pas dire quand nous sommes adultes ou vieux. « Il n’y a pas d’âge pour être vieux. Le verbe ‘’être’’ dans une telle question est une difficulté car ce n’est pas un état figé de l’être mais correspond à une expérience » (J. Pellissier). À ce jour, la vieillesse n’est qu’une construction qui s’est développée sur une réalité d’ordre démographique, politique et biologique mais aussi sur un imaginaire culturel de représentations, le plus souvent négatif. À travers l’évolution de notre culture, le vieillissement est pris entre les représentations extrêmes de sagesse de folie et de dégradation. S’il est difficile de faire évoluer rapidement la culture de notre société car nous ne pouvons pas simplement demander aux individus de le faire. Nous nous devons de faire rentrer différentes cultures et visions dans notre société pour la faire évoluer. Si l’on veut que notre société s’appuie sur une culture différente et donc une vision différente, il faut aussi s’appuyer sur la force des autres sociétés. Par exemple, F. Balard, anthropologue, nous rappelle que la « vieillesse » est un concept et qu’en Tanzanie « la vieillesse ça n’existe pas », seul le vieux existe dans son contexte socioculturel. Pour lui, il faut replacer ce qu’on met derrière le mot vieux dans la culture associée. « L’âge social est l’âge de la vie tel que le reconnaissent ou le définissent les règles d’une société en attribuant à cet âge des rôles de statut distinct ». Il semble donc urgent de nuancer nos croyances, pour nos proches, pour nous même et pour notre société car un regard négatif de l’avancée en âge est un facteur de risque de souffrance psychologique de notre propre vie et donc de la trajectoire de vie que nous nous offrons. Il est aujourd’hui important de faire attention à l’image de l’avancé en âge, et de dissocier cette tranche de vie couramment mise en parallèle avec celle d’un « retour en enfance » et d’avoir une vision négative de cette vie. Le vieillissement n’est donc pas une évolution de type courbe en « U » inversé mais bien une courbe qui monte et descend par moment et à tout âge, selon notre propre histoire, nos choix et donc notre trajectoire de vie, sans cesse en construction, présente à chaque instant.
En outre, c’est avec l’idée d’« expérience » que nous souhaitons ouvrir à nouveau « le champ des possibles » avec cette nouvelle exposition.
En s'appuyant sur un atelier d'expression réalisé avec une bénévole de l'EHPAD et cela depuis 2021, nous allons illustrer les dires et textes de nos séniors réalisé dans ce cercle nommé infernal. Laissez-vous surprendre par leurs paroles, leurs imaginations, leurs idées qui sont bien loin de l'archétype des séniors en EHPAD.