Bouger ensemble... pour entretenir la flamme !
En cette année olympique, la Semaine Bleue valorisera la mise en mouvement des aînés au sein de la communauté. Trop souvent, l’avancée en âge et la vieillesse sont présentées comme le temps de l’immobilisme et du déclin ; les aînés revendiquent aujourd’hui de s’inscrire dans le mouvement, synonyme de mobilité mais aussi de lien et de participation à la vie sociale.
La transition démographique caractérisée par le vieillissement de la population va se traduire par une augmentation très sensible du nombre des âgés et surtout des plus âgés dans les toutes prochaines années. Cette transition n’est pas une catastrophe, ce n’est pas un « tsunami » auquel nous sommes confrontés mais une mutation sociale et culturelle qui doit ré-interroger sur la place occupée par les aînés dans les familles et dans la collectivité. Si la grand-parentalité a été maintes fois étudiée, c’est à l’arrière-grand-parentalité qu’il convient maintenant de réfléchir. Car le très grand âge ne s’accompagne pas systématiquement de handicaps, de dépendance, d’abandon de la vie autonome à domicile et d’entrée en EHPAD.
Un certain nombre d’actions de solidarités intergénérationnelles initiées pendant la crise COVID ont perduré.
Au-delà de ces initiatives citoyennes, une prise de conscience encore timide doit se traduire concrètement dans les politiques et les actions mises en œuvre à l’échelle des territoires pour permettre aux aînés de mieux vivre leur âge avec les autres générations.
Bouger, participer, échanger des clés essentielles du bien vieillir dans son territoire sont d’autant plus à portée des plus âgés que le territoire est aménagé en intégrant leurs besoins : accessibilité des commerces et des réseaux de transports en commun, existence de nouvelles formes d’habitat regroupé, intergénérationnel ou inclusif, permettant d’allier le souhait de rester à domicile tout en évitant l’isolement, lieux ou actions favorisant les liens intergénérationnels.
Il s’agit avant tout de bien vivre avec son corps en lui conservant ses capacités motrices et intellectuelles nécessaires au maintien de l’autonomie et du lien social. Il s’agit également d’échapper à la « relégation sociale », résultante de l’isolement social et du sentiment de solitude.
Bien vivre son âge c’est aussi cultiver un nouvel art de vivre ensemble dans son territoire à partir d’un habitat adapté autant dans sa localisation géographique que dans son aménagement intérieur. L’aménagement du logement et les équipements plus ergonomiques compensent les altérations fonctionnelles et permettent d’éviter les accidents de la vie quotidienne.
L’ouverture et la proximité avec les voisins, le quartier, la commune protègent de l’isolement et du sentiment de solitude. Le Comité National de Refondation et son atelier dédié à la question du bien vieillir impulsé par le président de la République ont été l’occasion de rappeler notre conviction. Au-delà de la proposition de loi débattue au Parlement, seule une loi “Grand Age et Autonomie”, maintes fois promise et maintes fois différée, permettra de sanctuariser les politiques publiques de prévention de la perte d’autonomie. Elle pourra enfin engager la réforme attendue du financement et de la structuration des aides à l’autonomie et des soins à domicile et en établissement.
La clarté de la flamme olympique qui va nous servir d’emblème tout au long de la Semaine Bleue nous renvoie à cette métaphore chère à Bernadette Puyjalon qui aime comparer la vieillesse à la flamme de la bougie dont l’intensité reste la même quelle que soit la quantité de cire restante sur la bougie.
Animée par une éthique forte, la Semaine Bleue est l’occasion de promouvoir une image positive du vieillissement et de la vieillesse, en mettant en avant les contributions que tous les aînés, quels que soient leur âge, leur état de santé et leur niveau d’autonomie, peuvent apporter à la société.
Certains types de manifestation illustreront efficacement notre thématique lors de la prochaine Semaine Bleue. Les « Marches Bleues », en ouverture ou en clôture de la Semaine Bleue, sont tout particulièrement attendues dès lors qu’elles s’ouvrent aux autres générations, permettant ainsi de sortir de l’invisibilité celles et ceux dont l’âge et les handicaps les excluent trop souvent de la vie sociale. Les créations culturelles de toute nature, qu’il s’agisse d’expositions photos, de créations théâtrales ou autres, auront à cœur d’être co-réalisées dans une dynamique intergénérationnelle.
Les ateliers créatifs ou récréatifs, les forums débats seront aussi les bienvenus afin de sensibiliser la population des territoires sur les enjeux de la transition démographique et les réalités de l’avance en âge et de la vieillesse.
Une chose est sûre, ça va « bouger » pendant la Semaine Bleue !
[1] Bernadette Puyjalon Anthropologue